Mes vacances sont tombées à l'eau !

Publié le par Just in time

Je pensais vous laisser pendant 2 semaines et me voilà déjà revenue... Je séjournais au camping de Saint Aygulf à Fréjus. Si vous avez suivi les dernières actualités, vous avez dû voir les conséquences dramatiques des intempéries dans le Var.

Le pire s'est produit à Draguignan qui a enregistré le plus grand nombre de victimes et les plus gros dégâts matériels pour les riverains.

Là où je me trouvais, à Fréjus, il n'y a eu qu'une seule victime, un monsieur de 71 ans qui a fait une crise cardiaque, surpris par les inondations. Là bas, ce sont les vacanciers qui ont le plus trinqué. L'Argens, la rivière qui traverse la ville s'est mise à déborder soudainement mercredi au petit matin, une suite inévitable des pluies torentielles incessantes de la veille. L'eau s'est donc déversée sur les terrains de camping situés en contrebas. 2 000 vacanciers ont été évacués et finalement peu de résidences et d'équipements permanents ont été touchées contrairement à Draguignan.

 

A mon retour, j'ai livré mon témoignage avec quelques photos au web quotidien creusot-infos.com. Vous pouvez le retrouver ici.

 

Comme ce lien ne sera pas éternellement accessible, je le copie-colle tel quel pour mémoire :


«Dimanche dernier, je suis partie à Fréjus pour deux semaines de vacances rejoindre mes parents qui avaient loué un mobilhome au camping de Saint Aygulf. Le temps était déjà mitigé à mon arrivée.
Mardi, les pluies torrentielles n'ont pas cessé et ne se sont arrêtées que dans la nuit de mardi à mercredi. Mercredi, j'ai été  réveillée vers 6h30 par des mouvements d'eau, je n'y ai pas prêté plus d'attention sur le moment et puis j''ai entendu une dame crier "ça y est ! ça rentre dans le mobilhome ! ".
En me levant, j'ai découvert le camping transformé en véritable mare. L'Argens, la rivière située à proximité était en train de déborder... Un vent de panique a commencé à souffler dans le camping. L'eau continuait à monter vers la rangée où nous étions mais s'est arrêtée in extrémis sans inonder notre bungalow. Les gens déplaçaient leur voiture sur les hauteurs quand c'était encore possible mais la montée des eaux a été si brutale que certains campeurs situés plus bas ont vu leur voiture s'immerger très rapidement et l'eau s'infiltrer dans leur caravane ou mobilhome emportant toutes leurs affaires.
Certains ont juste eu le temps de sauver leur chien et de récupérer leurs papiers et quelques vêtements. Les pompiers sont arrivés vers 10 heures pour évacuer sur des canoës gonflables , les personnes piégées par le niveau de l'eau, à mobilité réduite et ne sachant pas nager. Leurs interventions ont duré toute la journée. Les vacanciers sinistrés ont rapidement été accueillis dans des salles municipales. Comme les eaux sont passées au delà des ponts, la ville était devenue une île. Il n'était plus possible d'en sortir. Le niveau de l'eau a commencé à baisser en début d'après-midi. L'électricité et l'eau courante étaient coupées. De nouveaux orages étaient annoncés en soirée. Nous avons fait nos valises, nous avons réussi à rapprocher la voiture du bungalow pour la charger et nous sommes partis dès que les voies en direction de l'autoroute ont été dégagées. Je suis rentrée au Creusot dans la soirée.
Voilà comment des vacances peuvent tomber à l'eau en 15 minutes ! Mais nous ne sommes pas à plaindre car contrairement à d'autres, nous sommes sains et saufs et n'avons eu aucun dégât matériel
».

 

Le journaliste a qualifié mon témoignage de "poignant". J'avoue que ça m'a fait sourire. Mon but était de relater cette journée de la façon la plus neutre qui soit et de réserver le côté plus émotionnel à mon blog. Un blog, c'est fait pour ça, non ?

 

Même si cette expérience a été traumatisante, sur le coup, je ne l'ai pas vécue comme un cauchemard. Plusieurs états m'ont traversée.

La veille dans la soirée, l'électricité était déjà coupée et nous étions dans le noir complet. La pluie battante reprenait de plus belle et ma mère a commencé à paniquer, une  réaction qui ne paraîssait pas très rationnelle à cet instant précis "Il va arriver quelque chose, ce n'est pas possible autrement". Avec mon père, on essayait de dédramatiser en plaisantant. Je disais "Au pire, si nous sommes inondés, nous ne craignons rien, un mobilhome, ça doit flotter !".

Quand, le lendemain matin, je me suis levée, j'ai vu la quantité d'eau qui envahissait le terrain. J'ai réveillé mes parents en leur disant sur le ton de la boutade : "Ce n'est pas encore aujourd'hui qu'on ira à la plage !". Une dame est venu frapper à la porte pour dire "Sortez vite du mobilhome ! L'eau continue de monter !". La voiture de mon père était garée devant. L'eau avait déjà recouvert les pneus. Nous ne comprenions pas d'où venait cette eau.

 

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Nous étions comme tétanisés, nous ne savions pas quoi faire... Nous avons placé toutes nos affaires en hauteur. Mon père pensait qu'il était déjà trop tard pour bouger la voiture. Et puis j'ai pensé à la mienne : je la stationne toujours dans une rue à l'extérieur pour éviter de payer une place supplémentaire dans le camping. Soudain, j'ai eu un flash... J'avais laissé la caisse de transport de mon chat Topaze dans le coffre donc si nous devions quitter le mobilhome, je n'avais aucun moyen pour le transporter : dans mes bras ? Impossible ! De peur, il se serait débattu jusqu'à me dévisager...Dans un autre sac ? Dans la panique, il aurait été capable de sauter dans l'eau, je le voyais déjà en train de se noyer... Je passe en phase hystérique en disant "Il est hors de question que je quitte ce mobilhome sans mon chat !".

 

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Alors comme une furie, j'ai mis quelques affaires dans un sac à dos et me jette à l'eau pour aller chercher la caisse de transport coûte que coûte. Quand j'ai rejoint la terre ferme en haut du terrain, j'ai tout de suite compris que nous étions enfermés dans le camping : personne ne pouvait accéder à l'entrée où le niveau de l'eau pouvait atteindre 2 mètres. Je ne me suis pas découragée... Je me suis dirigée vers l'entrée même si certaines personnes essayaient de m'en dissuader. J'ai grimpé sur une butte et j'ai aperçu des riverains qui observaient de leur maison, impuissants, ces scènes catastrophiques. Leur maison jouxtait le terrain. Je les ai interpellés pour leur demander s'ils pouvaient aller chercher la caisse de Topaze dans ma voiture située dans une rue derrière. Ils ont gentiment accepté. Je leur ai balancé la clé et au bout d'un quart d'heure qui m'a paru interminable, ils sont revenus avec la caisse et ont réussi à la jeter par dessus le fossé sans casse ! Je suis alors revenue au mobilhome victorieuse et soulagée.

 

Pendant mon absence, mon père avait réussi à déplacer sa voiture. Le moteur tournait encore, elle était sauvée ! L'eau continuait de monter mais de façon moins flagrante. Dans le doute, j'ai mis Topaze dans sa caisse et l'ai emmené en haut du terrain à l'abri. Il est resté très zen, un vrai petit bouddha ! Mes parents ont préféré rester dans le bungalow tant que celui-ci n'était pas inondé. En haut du terrain, l'atmosphère était curieusement sereine. Les campeurs qui avaient tout perdu, désabusés et stoïques, étaient réconfortés par les résidents des mobilhomes épargnés. Quelqu'un a découpé un grillage pour pouvoir sortir du camping par derrière. Les sinistrés ont alors pu rejoindre la salle municipale où ils ont été accueillis avec de la nourriture et d'éventuels soins. Le propriétaire d'un haras situé juste à côté a aussi rapidement ouvert son terrain pour nous permettre de partir avec les véhicules. Nous étions aussi bercés par le son des hélicoptères de l'armée, de la sécurité civile, de la police...

 

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Je suis ensuite allée voir ce qui se passait à l'entrée du camping. Les pompiers menaient les opérations d'évacuation d'une centaine de personnes sur des canoës. Heureusement, aucune perte humaine n'était à déplorer, uniquement de gros dégâts matériels.   

 

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J'ai été très étonnée que la direction du camping ne se soit jamais manifestée au cours de la journée, au moins pour nous indiquer la conduite à tenir, et orienter les sinistrés... Aucune information préventive la veille non plus alors que le département du Var était placé en vigilance orange pour les orages... Si les campings ne sont pas soumis à des protocoles précis, à des plans hors sec pour ce genre de catastrophes, ce n'est pas très rassurant pour les vacances à venir...

Chacun s'est donc débrouillé comme il a pu en dépit des rumeurs contradictoires qui circulaient et à défaut d'informations officielles claires, nettes et précises... La mairie à organisé l'hébergement des vacanciers sinistrés dans des gymnases et des hôtels. Heureusement que le service public local est encore réactif dans de telles circonstances !

Je suis revenue au mobilhome quand j'étais sûre que le niveau de l'eau baissait.

 

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Le camping était hors service. Il n'y avait plus d'électricité ni d'eau potable. Les plages étaient recouvertes de boue. Il a fallu se faire une raison, les vacances étaient terminées... pas de bronzage, pas de moment de détente en famille, pas de balade à vélo sous le soleil, pas d'achat compulsif de belles robes sur le marché de Saint Aygulf, pas de virée à Saint Trop... Ce n'est la faute de personne, c'est une catastrophe naturelle, nous ne pouvons que subir. Nous avons plié bagages et nous avons quitté Saint Aygulf la mort dans l'âme. 

 

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                          Un court séjour qui laissera des images chaotiques, 

 

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                                les eaux boueuses se déversant dans la mer

 

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                                  loin des clichés idylliques de plages de sable fin

 

 

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Je vous laisse avec cette petite parenthèse : un aperçu du fameux parc d'attractions de Fréjus où un homme s'est récemment tué en faisant du saut à l'élastique. J'étais censée passer tous les jours devant pendant ma balade à vélo quotidienne. Je ne termine pas sur une note très gaie, me direz-vous, mais après tout, je ne suis plus à ça près ! 

 


 

 

 



Publié dans Tranches de vie

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V
<br /> C'est triste pour ces gens qui ont tous perdus.<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Franchement soeurette tu as été courage et ton chat ya pas à dire tu l'aimes et il doit te le rendre. Vraiment je suis fière de ta présence d'esprit et de ton témoignage que je ne trouve pas<br /> poignant mais seulement retraçant ta vision des choses. Bravo pour ton investissement et dommage pour tes vacances, mais comme tu es qqu'un de positif, vue de loin nous avons de la chance face à<br /> ceux qui ont tout perdu et surtout la vie. Bon courage pour la semaine prochaine et big biz<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Merci pour ce commentaire Véro ! Bon dimanche ! Bises<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Quelle mésaventure !<br /> Tu es l'héroïne de topaze, j'espère qu'il t'a fait plein de ronrons en remerciements. C'est fou et pas raisonnable mais humain et tendre, bravo !<br /> Magnifique publication, bravo !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je ne suis pas sûre que Topaze se soit rendu compte de ce qui se passait ! Il est beaucoup plus serein que je le pensais ! Bises<br /> <br /> <br /> <br />