La télé-réalité vue de l'intérieur

Publié le par Just in time

Cela fait déjà plus d'une semaine que je suis rentrée de mon escapade parisienne. Quelques jours pour atterrir et me voilà au rapport devant vous.

Comme vous avez pu le lire sur ses blogs, Maman débrouille a été choisie parmi des milliers de postulants pour participer aux premières épreuves de sélection de Masterchef.
Masterchef est présenté comme le plus grand concours de cuisiniers amateurs de France. Il est tourné sous la forme d'une émission de télé-réalité et sera prochainement diffusé sur TF1 à une date encore inconnue à ce jour.

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J'ai donc eu le privilège d'accompagner Maman débrouille dans cette aventure. Je pense avoir eu le meilleur rôle : en tant qu' "accompagnante" dotée du bracelet orange qui m'identifiait comme telle, je ne ressentais pas la même pression que les candidats. J'ai donc pu observer avec recul le déroulement de cette première phase d'épreuves. J'ai conscience que c'est une expérience unique qui n'est pas donnée à tout le monde.





Nous imaginions que cette émission fonctionnait sur le même mode que "Nouvelle star" en version cuisine. Lorsque nous sommes arrivées au point de ralliement, nous nous attendions à devoir patienter plusieurs heures dehors dans une longue file d'attente. Il n'en a rien été : les candidats ont été accueillis dans deux grandes salles couvertes et chauffées ! Heureusement car le temps de ce jour-là était très pluvieux.
Première étape : l'enregistrement des candidats, l'attribution d'un numéro à 4 chiffres.
L'équipe de production a donné quelques explications et premières consignes parmi lesquelles l'interdiction catégorique de prendre des photos au risque de se faire confisquer l'appareil et effacer les clichés. Je suis donc revenue pauvre en illustrations. La seule photo volée que j'ai réussi à prendre est celle-ci :

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Elle paraît anodine et pourtant elle incarne le mieux l'accueil et l'attention dont nous avons bénéficié : café, eau et petits gâteaux offerts à toute heure de la journée ! J'ai trouvé cela surprenant ! Tout laissait présager que les épreuves se passeraient dans de très bonnes conditions. Je pense sincèrement que ça a été le cas. Ces points positifs m'ont même donné envie de poser ma candidature si ce concours était reconduit l'an prochain.
Pendant le temps d'attente, le stress et l'esprit de compétition ne dominaient pas. Au contraire, j'ai ressenti une atmosphère plutôt sereine où les candidats échangeaient volontiers les uns avec les autres sur la composition de leur plat. Ce qui est logique car la cuisine est une passion qui ne demande qu'à être partagée.
Curieusement, il y avait autant voire plus d'hommes candidats que de femmes. Qui aurait pensé que ces messieurs s'étaient mis en masse aux fourneaux ? Ce constat n'est pas forcément le reflet de la réalité : on peut supposer que les femmes privilégient la cuisine quotidienne, la cuisine plaisir. Alors que par nature, les hommes visent la performance : s'ils ont un talent culinaire, ils chercheront davantage à le mettre en avant et à se surpasser pour en obtenir une reconnaissance. La preuve : la plupart des grands chefs cuisiniers sont des hommes.

Ce séjour m'a inspiré d'autres mots :

- Le rêve : déjà à mon niveau, cette expérience m'a complètement déconnectée du quotidien et toute mon attention s'est focalisée sur le déroulement des épreuves. Je pense sincèrement que la majorité des candidats sont venus avec des prétentions modestes. A partir du moment où certains ont réussi à franchir le premier obstacle, une lueur s'est allumée dans leur regard : tout est devenu de l'ordre du possible et il était à nouveau permis de rêver. 
Le rêve fait du bien, il entretient la foi et procure un semblant de bonheur que l'on souhaite propager autour de soi. Pourtant, il est préférable de ne pas s'accrocher à un seul but et de conserver une issue de secours au cas où le premier ne se réalise pas. Le tout est de savoir garder l'équilibre entre l'espoir et la relativisation d'un échec. Surtout qu'aujourd'hui, nous avons assez de recul sur ces concepts de télé-réalité pour savoir que, finalement, ils ne changent que très peu de destinées et n'apportent qu'une gloire éphémère.
 
- La fascination : elle rime avec télévision. Notre quotidien est tellement rythmé par cette boîte à images que dès que l'occasion se présente de passer derrière l'écran, on la saisit juste pour le plaisir d'annoncer à ses proches qu'on va apercevoir notre tête dans telle émission. Il est aussi impressionnant de découvrir les coulisses, la façon dont est tournée l'émission, l'enchaînement des "plateaux", de rencontrer un célèbre animateur de télé en chair et en os... 

- L'amplification : tout est conçu pour donner du corps et de la crédibilité à la future émission. Il s'agit d'une bonne vieille technique de communication, le "bluff", qui consiste à présenter un nouveau projet comme quelque chose d'exceptionnel et qui a déjà suscité l'intérêt pour capter rapidement l'attention du public. Voici un exemple : la chaîne aurait reçu 18 000 candidatures pour Masterchef... Or, la directrice de casting nous a expliqué avoir retenu 300 candidats sur 1000 dossiers reçus uniquement pour le secteur de Paris (sachant que des sélections similaires ont eu lieu dans 3 autres villes : Lille, Toulouse et Marseille). Cela signifierait qu'il y aurait eu 17 000 postulants répartis dans les 3 autres secteurs... J'émets un doute.

- La comédie : Si Masterchef n'était qu'un simple concours de cuisine, qu'est-ce que ce serait ennuyeux à regarder ! Il faut donner du show, du suspens, des coups d'éclat au télespectateur pour le maintenir en haleine et le fidéliser au programme. C'est la loi de l'audimat. Pourtant l'audience des dernières émissions de télé-réalité ont montré que le télespectateur était de moins en moins dupe... Désolée de vous faire déchanter, mais certaines anecdoctes qui seront intégrées dans le montage de l'émission, ne seront pas spontanées mais orchestrées de toutes pièces. J'ai assisté à plusieurs séquences (émotions, scandales, imprévus...) qui sonnaient un peu faux. Je suis persuadée qu'elles avaient été mises en scène et préparées à l'avance pour accentuer le côté mélo-dramatique du concours. Je me suis aussi rendue compte que certains candidats avaient été ciblés bien avant le début du concours pour faire l'objet d'un "suivi particulier" dans l'émission. Des candidats avec une personnalité atypique, un vécu qui sort de l'ordinaire ou qui attise la compassion, un physique agréable... Logique quand la première phase de sélections prend le nom de CASTING.

En conclusion, il ne suffit pas de savoir bien cuisiner pour être le lauréat de Masterchef. Il faut correspondre à un profil.

Je m'en tiendrai à ces propos pour l'instant. Je réagirai peut-être au fil des émissions pour décrypter certaines séquences auxquelles j'ai pu assister ou apporter un éclairage sur des candidats que j'aurais croisé.

En attendant la diffusion de Masterchef, vous n'avez qu'un numéro à retenir :

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Publié dans Tranches de vie

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F
<br /> ouah!, je découvre ton blog. Quelle bonne surprise tes rubriques et ta jolie manière d'écrire et de nous faire partager tes aventures (ex:masterchef)! Je travail en partenariat avec les<br /> restaurateurs et je suis aussi correspondant au JSL. J'aimerais te proposer une initiative de critique gastro? Frèd<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Merci Fred, je suis très flattée par ton commentaire. Je serais intéressée par ta proposition. Je suis impatiente d'en savoir plus !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> ;-)<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Merci de partager tout ça avec nous, je vais suivre<br /> la suite avec grand intérêt $<br /> Bon vendredi<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Merci Valérie ! A bientôt !<br /> <br /> <br />